Austères, sérieux, figés, sévères. Autant d’adjectifs pour qualifier les portraits florentins de la cour des Médicis qui s’exposent actuellement au musée Jacquemart-André à Paris. Une petite exposition de huit salles qui retrace l’histoire mouvementée du XVIe siècle à Florence, et qui met en lumière des peintres aguerris à l’art du portrait.
Inscrire son rang et marquer l’Histoire
Voilà les objectifs essentiels et la raison de faire appel à des peintres de talent. Il convient en effet de revendiquer son statut social et de se faire inscrire à la postérité. Ainsi, les références antiques, les symboles en tout genre, subtils et sophistiqués, sont légion. Et grâce à des prêts des musées florentins, londoniens, parisiens, et francfortois, on peut admirer une quarantaine de portraits dont une bonne partie issue de la dynastie des Médicis. Mais pas besoin de réviser vos cours d’histoire avant de vous rendre au musée, je vous conseille juste de prendre l’audioguide à trois euros.
Un certain goût de l’apparat
En armure pour les hommes vaillants et téméraires, en robe luxueuse pour les dames, tous les portraits doivent faire passer des messages. Il s’agit donc d’exprimer une puissance et d’assoir un pouvoir pour les hommes dans des poses héroïques, tandis que les femmes illustrent l’élégance et le raffinement de la cour.
Pourtant, les sujets ne sont pas toujours mis en valeur. On semble loin des artistes d’autres cours européennes qui modifiaient les traits de leurs sujets pour les embellir (ou alors peut-être que ces modèles italiens avaient des traits encore plus ingrats).
Quelques exemples concrets
Faste de la cour, émancipation culturelle et image du pouvoir, voici les messages transmis par ces portraits de Rosso Fiorentino, Alessandro Allori, Francesco Salviati, Andrea del Sarto, Pontormo et Bronzino.
L’exposition s’ouvre par exemple sur cette Dame au voile de Ridolfo del Ghirlandaio. Portraiturée de trois-quarts dans une robe sombre, coiffée d’un voile, un regard énigmatique et un paysage en arrière plan, cette dame m’évoque immédiatement La Joconde de Léonard de Vinci, ne trouvez-vous pas?
Et que dire de cette Eléonore de Tolède…? Elle semble gracieuse, sa peau délicate est lumineuse mais son regard semble triste. Pourtant son rang imposa au peintre de mettre en valeur sa tenue au point d’utiliser du lapis lazuli pour obtenir ce bleu intense du fond de toile.
Florence, Portraits à la cour des Médicis
158 boulevard Haussmann
75008 Paris
Tél. : 01 45 62 11 59