Un français sur dix est aujourd’hui tatoué, c’est dire l’importance de cette pratique. Plus qu’un phénomène ou une tendance, le tatouage est désormais un moyen d’expression artistique qui est passé en quelques années d’une pratique réservée à une catégorie de personnes dites marginales à monsieur et madame tout le monde. Mais quelles sont les origines du tatouage? Pourquoi se marquer la peau de manière définitive à une époque où tout est éphémère? Comment cette pratique a-t-elle évolué au fil des siècles ? Actuellement au Musée du Quai Branly à Paris, l’exposition « Tatoueurs, tatoués » est le lieu idéal pour répondre à toutes ces questions. Un grand voyage à travers les cultures, les croyances et les époques sur les cinq continents.
Il y a bien longtemps le tatouage avait une portée ethnologique. Les Japonais, les Romains, les Indiens d’Amérique et d’autres civilisations se tatouaient pour afficher un positionnement social, revendiquer une appartenance à un groupe, rendre hommage à leur tribu ou à leurs ancêtres, ou célébrer leurs dieux. C’était donc une marque rituelle.
Au XIXe siècle le tatouage est un signe distinctif marginal punitif ou de fierté. Les témoignages de prisonniers, de prostitués et de marins sont touchants et on peut même observer des peaux humaines tatouées dans les vitrines. Incroyable!
Le tatouage permettait aussi de gagner sa vie et les « sideshows », sortes de cirques ambulants, détonnaient et marquaient les esprits. L’exposition consacre d’ailleurs une grande partie à ces artistes inconnus et à leurs talents étranges. Une découverte très intéressante.
Aujourd’hui le tatouage est toujours un signe d’appartenance à un groupe, c’est le cas pour les gangs et la mafia, mais c’est aussi davantage un symbole de liberté et d’affirmation de soi. Chaque histoire est intime et singulière et on se tatoue pour rendre hommage à un proche décédé, pour revendiquer son origine, pour prouver son amour, ou par simple esthétique. Ainsi la dimension artistique prend de l’ampleur et certains tatoueurs sont enfin reconnus comme des artistes. Les corps en silicone presque aussi vrais que nature permettent de découvrir leur travail qui transforme le tatouage en langage visuel.
En ressortant du Quai Branly au bout de 2h30 je me dis que les plus passionnés pourraient facilement y passer une heure de plus car cette exposition très bien documentée retrace la pratique du tatouage à travers toutes les cultures et les époques. La seule zone d’ombre selon moi est la technique mais cela permet aussi de laisser une petite part de mystère. Les nombreuses vidéos complètent les photographies, les toiles, les objets et les documents d’époque. Et je ne me lasse pas d’admirer les tatouages traditionnels de Nouvelle-Zélande, de Polynésie, de Bornéo, des Philippines et de la Thaïlande sur ces « tronches » d’autochtones. Cela me donne d’ailleurs envie de partager avec vous une vidéo qui met en scène un artiste contemporain qui utilise son corps pour gagner sa vie. Surprenant.
Musée du Quai Branly
7, quai Branly
75007 Paris
Tél. : 01 56 61 70 00